Le Serpent
Selon plusieurs théories, sa création et ce grâce à l'abbé Leboeuf, serait attribuée à EDME GUILLAUME, chanoine d'Auxerre, en 1590, pour accompagner le plain-chant à l'église.
Il s’implante dans le sud de la France (sa présence est attestée en 1602 à Avignon) puis remonte vers le Nord où il se généralise surtout dans l’Ile de France, le Nord Pas de Calais et dans plusieurs pays (notamment Flandre, Allemagne, Angleterre) avant de redescendre vers le Sud de la France à la fin de son apogée. Ainsi en Angleterre, Haendel écrit une partie pour le serpent dans sa musique pour les feux d’artifice royaux mais ne goûtait guère cet instrument.
D'autres versions sont aussi à prendre en considération, par exemple celle de Sabine Klaus qui pense que l’ancêtre du serpent viendrait d’Italie et serait le cornet à bouquin basse car certains étaient courbés en forme de serpent avec des têtes zoomorphes notamment de dragons typiques de la renaissance italienne (exemplaires au musée de la musique de Paris).
(Serpent original fin XVIII° siècle coll. G.Estimbre)
Le serpent, tout en continuant à être employé à l'église, a été de plus en plus utilisé dans les musiques militaires, qui ne disposaient pas à l'époque d'instruments graves et puissants : le basson possède un son trop faible, et le trombone à coulisse basse, difficile à utiliser en marchant, était pratiquement tombé en désuétude.
Giovanni Pierluigi da Palestrina (1526-1594)
"Tota pulchra es", "live à 5" serpent, cornet à bouquin, sacqueboute et orgue
Beaucoup de serpents fabriqués avant le XIX° siècle sont anonymes. Le principal facteur Français au XIX° est BAUDOUIN. La forme du serpent fait qu'il est très malaisé à jouer tout en marchant et en défilant, l'instrumentétant écarté du corps et ne disposant pas de cordon de soutien. Les facteurs se sont donc ingéniés à lui donner une forme plus pratique, sans oublier d'ajouter quelques clés pour tenter d'améliorer l'intonation de certaines notes particulièrement défectueuses. Toutefois, le principe de base du doigté est conservé, à savoir deux groupes de trois trous relativement petits par rapport à la perce, et très loin de leur position acoustique idéale. De ce fait, seul l'instrument ayant tous les trous entièrement bouchés donne une série de partiels bien timbrés et acceptables, proches de la série harmonique.
Le débouchage des trous, plutôt que de donner une série de notes précises, agit comme un "amplifcateur" formant et modifie le timbre émis, ce qui permet d'améliorer l'intonation de certaines notes. Ceci pouvant expliquer les grandes différences de doigté rencontrées entre les diverses tablatures éditées au cours du temps.
Il est donc primordial pour la justesse que les lèvres et l'air contrôle l'émission et l'intonation, et, dans le grave de l'instrument, un bon serpentiste est capable de jouer (juste) n'importe quelle note avec n'importe quel doigté !
Le serpent est un instrument en bois souvent en érable et tout comme son parent très proche au niveau de la facture qu'est le cornet à bouquin, il est lui aussi recouvert de cuir (voire de tissu collé à la poix comme sur notre photo), puis enduit de laques faites au tampon terminé par un bocal en cuivre avec bien sûr une embouchure.
Par la suite, la commande de tous les trous par des clés a permis d'élargir ceux-ci à volonté, ce qui a conduit HALARY à breveter en 1821 l'ophicléide, sonnant le glas des serpents militaires et autres bassons russes.
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